DEMARCHES NECESSAIRES ET EN COURS
1. Pourquoi demander une béatification ?
La béatification est le procédé par lequel une personne est présentée officiellement par l'Eglise comme un exemple, comme un modèle de vie réussie à la lumière de l'Evangile. L'idée n'est pas d'en faire des super héros mais de montrer comment la grâce de Dieu a travaillé en eux… Ecoutons Charles de Foucauld dont la spiritualité a beaucoup influencé Baba Simon : "Regardons les saints, mais ne nous attardons pas dans leur contemplation, contemplons avec eux celui dont la contemplation a rempli leur vie. Profitons de leurs exemples mais sans nous arrêter en chemin ni prendre pour modèle exact tel ou tel saint, prenant de chacun d'eux ce qui semble le plus conforme aux paroles et aux exemples de notre Seigneur Jésus, notre seul et vrai modèle, nous servant ainsi de leurs leçons, non pour les imiter, mais pour mieux imiter Jésus."
2. Procédure en cours pour obtenir la béatification de Baba Simon :
Dans l’église catholique, plusieurs personnes sont présentées comme des exemples pour une vie de communion avec Dieu et les hommes. Ce sont les Saints et Saintes. Pour le devenir, c’est l’affaire de toute la vie, mais, après, pour obtenir son « certificat de sainteté » le chemin est long, très long. Ce qu’il faut avant toute procédure, c’est la réputation de sainteté reconnue par les fidèles. C’est donc fort de cette réputation qu’un processus de béatification et de canonisation peut être engagé officiellement.
Dans le cas de Baba Simon, la réputation ne faisant plus aucun doute, Mgr Philippe Stevens, évêque de Maroua-Mokolo, reprenant une vieille idée de son prédécesseur Mgr de Bernon, s’est constitué « acteur de la cause » de béatification et de canonisation de l’Abbé Simon Mpeke en demandant au Père Grégoire Cador d’en être le « postulateur ».
Une cause de béatification et de canonisation doit normalement être introduite auprès de l’évêque du lieu où est mort le « candidat ». Dans le cas qui nous intéresse, cela aurait dû être Mgr Tonye, alors évêque d’Edéa… Après concertation, et avec l’accord écrit de Mgr Tonye, une dérogation est demandée à Rome, pour raisons de commodités, afin que la cause soit confiée à l’évêque de Maroua-Mokolo. L’autorisation obtenue, Mgr Stevens nomme un « juge instructeur », l’abbé Samuel Kleda. Ce dernier nommé entre temps évêque de Batouri, c’est le père Krzysztof Zielenda qui lui a succédé dans cette fonction. Un « promoteur de justice » (on l’appelait autrefois « avocat du diable ») est nommé pour jouer le rôle de procureur, il s’agit du père Pierre Tshibangu. Pour compléter le tribunal, l’abbé Ananie Mbuzao est nommé « notaire », il assure le rôle de greffier.
Pour parvenir à la béatification et à la canonisation de Baba Simon, plusieurs étapes, comme pour tous les autres saints et saintes, devront être franchies.
1ère étape : Le Serviteur de Dieu Simon Mpeke.
Après une enquête auprès des évêques de la région apostolique (l’archidiocèse de Garoua) et une autre auprès du Saint-Siège à Rome, l’évêque publie la demande officielle d’ouverture du procès rédigée par le postulateur. Il y demande à toute personne susceptible de pouvoir apporter des éléments, en faveur ou en défaveur de la cause, de se prononcer. N’ayant pas rencontré d’obstacles, l’évêque décide d’introduire officiellement la cause. C’est à ce moment que Baba Simon reçoit officiellement le titre de « Serviteur de Dieu ».
Le tribunal diocésain peut donc commencer son travail par une séance d’ouverture publique. Elle a lieu le mercredi 18 octobre 2000 à Maroua, lors des journées diocésaines qui rassemblent toutes les équipes apostoliques du diocèse. Au cours de 3 ans de travaux, le tribunal procède à l’audition des témoins (une quinzaine au total) qui a toujours lieu à huis clos. Une deuxième séance publique vient solennellement clore cette étape le lundi 19 mai 2003. Les résultats et procès verbaux (environ 800 pages) sont alors confiés, sous scellés, au P. Grégoire Cador pour qu'il les porte à Rome, à la congrégation romaine pour la cause des saints. Celle-ci, après étude du dossier, (en cours actuellement), décidera de l’opportunité de poursuivre le travail.
2ème étape : Vénérable Simon Mpeke.
Après enquête, par les organismes romains compétents sur la vie, les écrits et les témoignages reçus, une "position" sera rédigée par la congrégation de la cause des saints. Elle sera analysée par une commission d’évêques et de cardinaux et chacun des membres de cette commission sera invité à exprimer son avis par un vote. La cause sera ensuite transmise au Pape à qui est réservé le dernier mot. La sentence du Pape donnera lieu à un « décret sur l’héroïcité des vertus du serviteur de Dieu ». C’est alors qu’il pourra être déclaré « vénérable » et proposé comme modèle à ceux qui, comme lui, s’engagent à la suite de Jésus-Christ et à tous les hommes et femmes du monde entier. Restera alors que Dieu, par un miracle, approuve la sainteté de son serviteur.
3ème étape : Bienheureux Simon Mpeke.
Un miracle attribué à Baba Simon sera nécessaire pour qu’il soit « béatifié » et accède au titre de « bienheureux ». Ce miracle devra être authentifié par une enquête diocésaine et romaine. Signalons que les miracles qu’il aurait pu faire de son vivant n’entrent pas en ligne de compte. Le miracle est demandé comme une signature de Dieu au bas de la page de la vie du candidat à la béatification.
4ème étape : Saint Simon Mpeke.
Pour que Baba Simon soit « canonisé » et donc déclaré « saint », il faudra un nouveau miracle après la béatification. La canonisation comme telle n’ajoute rien à la sainteté du bienheureux déjà officiellement reconnue par l’Eglise. Elle lui permet simplement d’être inscrit au calendrier liturgique universel et non plus aux seuls calendriers de certaines églises particulières.
Il est long, très long le chemin de la sainteté officiellement reconnue par l’Eglise. Tous les amis de Baba Simon se doivent de prier Dieu par son intercession et lui demander de se manifester pour qu’aboutisse la reconnaissance non pas seulement de sa sainteté déjà évidente mais aussi du travail qu’il a accompli pendant sa vie terrestre et l’exemple qu’il laisse aux générations futures.
3. Pourquoi demander la béatification de Baba Simon ?
Un jour un élève du Collège Baba Simon, à Tokombéré, demandait : "Pourquoi n’y a-t-il pas de saints Camerounais ? N’avons nous pas dans l’histoire de notre Eglise des témoins capables d’éclairer notre route, aujourd’hui ?"
Il me semble, avec tout ceux qui souhaitent ardemment voir aboutir la cause de Baba Simon, que justement le message que délivre toute la vie de Simon Mpeke est lumière pour notre temps.
Il se résume en quelques traits :
Amour sans faille de Dieu, s’exprimant dans une vie de prière ardente et permanente.
Amour vécu des frères comme conséquence évidente de l’amour du Père.
Elan missionnaire rappelant les plus grands témoins de la mission Ad Gentes.
Témoignage de pauvreté radicale et de partage total au cœur d’un combat sans merci contre la misère et pour la promotion de l’homme.
Attitude prophétique dans le domaine du dialogue interreligieux et du respect de la foi de chacun.
Profond souci de l’unité nationale et internationale au service du bien de l’humanité toute entière.
Humilité et simplicité de vie et de parole.
"L'élan renouvelé vers la mission ad gentes demande de saints missionnaires. Il ne suffit pas de renouveler les méthodes pastorales, ni de mieux organiser et de mieux coordonner les forces de l'Église, ni d'explorer avec plus d'acuité les fondements bibliques et théologiques de la foi : il faut susciter un nouvel élan de sainteté chez les missionnaires et dans toute la communauté chrétienne," affirmait Jean-Paul II dans Redemptoris Missio, il reprendra cela dans Ecclesia in Africa (n°136) et dans Ecclesia in Asia. La sainteté n'a pas de frontière.
Si Tokombéré est le lieu où Simon Mpeke a su véritablement développer les multiples dons reçus de Dieu pour le service de ses frères, il n’en demeure pas moins que l’impact de son témoignage dépasse, et de beaucoup, les limites de ce petit arrondissement du Mayo-Sava. Partout dans le diocèse de Maroua-Mokolo, on connaît Baba Simon, partout au Cameroun on vénère le souvenir de cet homme au témoignage si lumineux… Peu à peu sa figure rayonne sur l'ensemble de l'Eglise qui est au Cameroun et, bien au-delà, sur l'ensemble de l'Eglise Universelle.
Il me semble que Baba Simon offre, à ceux qui veulent s'y intéresser, une superbe figure de prêtre qui peut raviver la foi et l'engagement des générations nouvelles…
Citons encore Jean-Paul II : "La liste des saints que l'Afrique donne à l'Église, liste qui est son plus grand titre d'honneur, continue de s'allonger. Comment pourrions-nous ne pas mentionner, parmi les plus récents, la bienheureuse Clémentine Anwarite, vierge et martyre du Zaïre, que j'ai béatifiée sur le sol africain en 1985, Victoire Rasoamanarivo de Madagascar et la bienheureuse Joséphine Bakhita du Soudan qui ont été toutes deux béatifiées durant mon pontificat? Comment pourrions-nous ne pas mentionner le bienheureux Isidore Bakanja, martyr du Zaïre, que j'ai eu le privilège d'élever aux honneurs de l'autel au cours de l'Assemblée spéciale pour l'Afrique? "D'autres causes mûrissent. L'Église en Afrique doit veiller à rédiger son propre martyrologe, ajoutant aux magnifiques figures des premiers siècles [...], les martyrs et les saints des époques récentes»". (Ecclesia in Africa N° 34)
P. Grégoire CADOR
Postulateur adjoint