LETTRE DE BABA SIMON
A Mgr Plumey
24 Novembre 1959
(Archives Plumey à Rome)
Mayo-Ouldémé 24 Novembre 1959
Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous dire qu'à la suite de l'entretien que j'ai eu avec le R.P. Voillaume, il me semble avantageux de chercher asile où chez le Dr Maggi ou dans le village de Talaka où fonctionne notre petite école. C'est là que je vous attendrai pour la question de l'emplacement de la Mission. Comme vous le savez les Petits Frères vont évangéliser les Ouldémé, ce qui à mon avis est tout à fait logique, le Petit Frère Jacques est certainement le mieux préparé pour cette tâche. Mais comme les Petits Frères ont aussi eu des contacts depuis des années avec les Madas du Nord proches de la Fraternité, ils voudraient aussi exploiter cette expérience. Là encore c'est tout à fait logique. Mais moi qui depuis 8 mois aussi je fréquente ce groupe de Madas, il me serait malaisé de cesser de les évangéliser en attendant que le Petit Frère de l'Evangile arrive, puisque mes "méthodes missionnaires" ne sont pas celle des Petits Frères. Cela nous sera à tous une occasion favorable de manquer au moins intérieurement à la charité. Comme le Père vient de le décider, je trouve qu'il est mieux pour moi de me placer tout de suite parmi les Madas que la Fraternité a bien voulu me laisser. Seulement comme je l'ai dit au Père Voillaume, il aurait été mieux que les Frères s'occupent des autres tribus de Kirdis voisines des Ouldémés et me laisser tous les Madas comme le Père Desmollières l'avait dit, car il est difficile de s'entendre et surtout de se faire comprendre en parlant deux langages à une petite tribu habitant la même montagne. Pour moi, c'est une source de palabres et de critiques qu'on vient de créer. Mais puisque l'apostolat est une question de juridiction, celle-ci m'étant enlevée de ce côté je n'ai fait que vous répéter ce que j'ai dit au Père, mais sans vouloir qu'on y revienne.
La Supérieure des Sœurs Servantes de Marie est ici depuis une semaine, elle repartira à Douala dans une semaine.
Daignez agréer, Monseigneur, mes sentiments profondément respectueux en N.S.
Simon