APPELER SANS ARRIERE-PENSEE
Je crois que l'assiduité des païens à venir nous écouter ne doit pas être interprétée sans nuances comme une soif de Dieu et encore moins comme l'expression d'une volonté à devenir chrétiens. La présence d'un prêtre, d'une religieuse, d'un catéchiste au milieu de païens nécessairement plus pauvres que nous est pour eux déjà un enrichissement.
Notre amitié, l'intérêt que nous leur portons en respectant leurs coutumes et à parler leurs langues toutes méprisées par leurs maîtres de toujours, les services que nous leur rendons : transport des malades, creusement des puits… les attirent à nous, les attachent à nous. Ils nous considèrent comme des hommes bons plutôt que des porteurs d'un message divin destiné à eux. Ils nous rendent en somme le respect, l'amour que nous leur témoignons plus à leur personne humaine qu'à leurs qualités morales vues à la lumière de l'Evangile. Donc ils viennent à nous comme ces foules venaient à Jésus et dont le Seigneur disait qu'il y avait beaucoup d'appelés et peu d'élus. Pour nous donc, notre travail est d'appeler, l'élection, qui est le principal, appartient à Dieu. Ainsi donc, notre rôle est réduit à celui de simples semeurs ; c'est ainsi que nous travaillons sans arrière-pensée de résultat, jusqu'au moment du baptême où chacun prend alors personnellement l'engagement à la vie nouvelle. Oui, chacun "coupe le chien" avec Dieu et non avec nous, et ce n'est pas la fin….